Etat des lieux

 

La période 1900-2000 a vu le capitalisme se développer dans sa version libérale et mondialisée. Ce modèle a connu une expansion importante, appuyé sur une volonté conquérante ; son objectif est en effet de se généraliser jusqu'à devenir la norme sur toute la planète. Pour autant, nous constatons depuis quelques décennies que ce système souffre de contradictions qui se font jour de plus en plus bruyamment. Ainsi, le capitalisme propose aujourd’hui deux cadre qui semblent s’opposer : le cadre mondialisé et le cadre national. En effet, face aux concurrences engendrés par la mondialisation, certaines franges des partisans du capitalisme tentent de résister aux processus en défendant la nation et l’Etat comme cadre économique ( on retrouve cela tant dans l’extrême droite nationaliste que dans une partie de la gauche institutionnelle ; les organisations régionalistes indépendantistes défendent la même chose à une autre échelle).

Pour nous, il est clair que ces deux versions du capitalisme ont en commun de maintenir les rapports de domination et d’exploitation inhérents au capitalisme. Quelque soit le cadre, mondial ou national, il reste basé sur l’oppression et les inégalités. Et contrairement au mensonge souvent entendu, l’Etat n’est surement pas un frein aux appétits insatiables des capitalistes, mais au contraire leur allié, le cadre politique qui permet et favorise l’exploitation. La symbolique de la communauté nationale dont ils agitent régulièrement l’étendard en temps de crise est une fiction dont la fonction est de masquer les inégalités et la violence sociale que la bourgeoisie nous fait subir.

 

Dans sa logique, le capitalisme a tout transformé en marchandise, entrainant le délitement des liens sociaux (hormis le rapport marchand !) et un certain vide de sens qui amène une souffrance existentielle palpable. Cela passe par la production et la consommation de masse d’objets, des plus utiles au plus futiles (surtout !), auxquels certains ont accès, et d’autres, les plus démunies, ne peuvent qu’aspirer… En réaction à ce vide, nous constatons chaque jour le retour sur la scène des idéologies communautaires réactionnaires : religion, nationalisme, … comme des tentatives désespérées de refaire du lien, de redonner du sens à une vie bien plate. Dans la perspective d’émancipation qui est la notre, nous considérons que ces idéologies restent des pensées de domination et de soumission.

Dans cette réaction à la violence du capitalisme mondialisé, se développe une version de la religion tout aussi violente et inhumaine (si la violence religieuse est clairement antérieur au capitalisme, il semble aujourd’hui qu’elle trouve là un terreau bien favorable). Le désespoir favorise une adhésion sans limite à conception autoritaire et haineuse de la religion ; ces intégrismes et leurs manifestations guerrières et terroristes entrainent nécessairement la réponse des Etats capitalistes : on voit ainsi se développer une restriction des libertés, des interpellations préventives, un état d’urgence en France qui semble ne pas avoir de fin, une occupation militaire et policière du territoire, un contrôle généralisé de la population, …

Il est clair que pour nous, le capitalisme et l’intégrisme religieux sont deux idéologies néfastes pour la liberté et l’égalité. Nous refusons de prendre part à la guerre qu’ils se mènent, nous combattons les deux faces de cette même pièce, au nom d’un idéal : le communisme anarchiste.

 

Nous avons tendance à penser que les réponses au capitalisme mondial que constituent les nationalismes et les intégrismes religieux se développent notamment du fait de l’absence de réelle perspective révolutionnaire sérieuse. De fait, les idéologies révolutionnaires ont été peu à peu étouffées par les capitalistes au cours du 20ème siècle :par le fascisme, le réformisme, et les systèmes bureaucratiques de types soviétiques ; tous ces systèmes, malgré les luttes apparentes qu’ils se sont menés, ont poursuivi un but commun : écraser l’élan révolutionnaires des opprimés, tuer dans l’œuf leurs aspirations à la liberté et à l’égalité.

Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans cette situation déplorable, pris entre le marteau et l’enclume. Pour autant, la réalité témoigne que quel que soit l’origine, le pays, la société est divisée en classes sociales, avec des dirigeants politiques, économiques et religieux qui exploitent sans scrupules le reste de la population et nous persisterons à défendre la seule voie possible vers l’émancipation : le renversement du capitalisme et de l’Etat par la révolution sociale, avec le communisme anarchiste comme visé ; par et pour les exploités, les opprimés, sans dieu ni maitre !

 

Groupe Phoenix Caen