La contestation de la réforme du code du travail semble prendre des formes multiples : assemblées générales, manifestations, actions de blocage, etc... Dernièrement, la nouveauté est aux «nuits debout», ce qui nous interroge sur le contenu et la forme qu'elle propose. Il nous semble constater dans ces occupations de place publique, des modalités intéressantes : la mise en place d’une certaine auto-organisation et des assemblées populaires permettant des prises de parole libres ; ces deux éléments sont pour nous des points positifs, car ils posent les bases d’un mouvement autonome et horizontaliste. Seules de telles formes assembléistes peuvent nous faire avancer vers la ré-appropriation de nos vies.
Pour autant, des «indignés» espagnols aux «nuits debout», le contenu des échanges sur la situation politique et le manque de démocratie dans la société actuelle, fait consensus. De nombreuses interventions souhaitent «réinventer» la politique, on parle d’assemblée constituante, de modifications du système politique actuel, de «démocratie» représentative, voire d'une 6ème république. Pour nous, il n’y a rien à modifier dans le système politique actuel, il est à abattre. Certains oublient un peu vite dans ces «discussions citoyennes», que la forme politique de l’État (pseudo-)démocratique n’est que le corollaire indispensable de l’exploitation capitaliste. On peut toujours modifier certaines règles du jeu politique, c'est évident, mais tant qu’existera ce système de classe, basé sur l’oppression de la population par la bourgeoisie (patrons, actionnaires, technocrates, politiciens, …), rien ne sera démocratique. On pourrait même tirer au sort nos dirigeants politiques qu'il il faudrait toujours se lever le matin pour se faire exploiter par un patron ou par la technocratie d'État, galérer et survivre avec des conditions médiocres voire même misérables.
Le capitalisme n’a jamais été et ne sera jamais démocratique, point. Un véritable système démocratique a pour préalable une égalité réelle de droit mais aussi, et surtout, doit pouvoir se vérifier dans les faits et pas seulement en rester à de pures déclarations ; pour cela, l'égalité réelle doit s'étendre à une égalité économique, à une égalité politique avec l'égal accès aux décisions concernant la production et la répartition des biens, aussi sur toute affaire concernant la Cité, bref, une véritable égalité sociale, sans classes. Parler de démocratie sans parler de révolution sociale et de destruction du capitalisme est donc une illusion.
Pour attaquer l’État et le capitalisme, ces mouvements d’occupations/débats peuvent être un temps de la lutte, à condition de ne pas se fourvoyer dans les illusions. Pour autant, il nous faut poursuivre les manifestations, assemblées de lutte, actions de blocage, grèves… Car seul un mouvement de lutte offensif, protéiforme et clair dans l’identification de l’adversaire peut nous sortir de la défaite permanente dans laquelle nous sommes englués depuis de nombreuses années. Pour renverser la vapeur et aller vers l’émancipation en détruisant l’État et le capitalisme.
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Groupe Phoenix Caen